Livre d'or

Quelques mots et impressions des organistes ayant joués et visités le grand orgue de la Cathédrale, au fil des années.

Christophe Guyard

(Compositeur, organiste du Mont-Saint-Michel)


"Voici quelques impressions sur le majestueux grand orgue.
Dans les années 1978-1980, j'écoutais pour la première fois cet instrument dans la nef. A cette époque, l'impression générale n'était pas si différente d'aujourd'hui, en raison de la douceur et la présence de merveilleux jeux de fonds, de la prestance française des anches, des plans sonores si adaptés pour le répertoire symphonique, également en raison des couleurs néo-classiques très équilibrées.

César Franck, Maurice Duruflé, Olivier Messiaen, par exemple y sonnent merveilleusement. On doit évoquer le facteur d'orgue Louis Debierre, à la racine de la personnalité de l'instrument. Ce facteur, ces hommes-là avaient un prodigieux savoir-faire.

A chaque fois que j'ai eu le privilège d'y jouer, j'ai été surpris par l'ingéniosité de la Manufacture Beuchet-Debierre dans la conception actuelle de l'instrument, par le sens inouï du facteur et de l'harmoniste, pour produire une telle synthèse esthétique dans la nef.

Plus qu'à la console, il faut l'entendre au coeur de cette cathédrale aux dimensions si impressionnantes, baignée par l'aspect irréel de ces verrières monumentales médiévales. De plus, et ce n'est pas le moindre, quelle joie de contempler son buffet, de plus bel effet scénographique dans les proportions architecturales.

Etre à la tribune, c'est entrer sans résistance en résonance par la puissante flûte de 16 pieds de pédale. La boîte expressive du récit, elle, cache son effet, puisqu'elle ne révèle son amplitude et sa présence, qu'en nef.

L'orgue n'est pas noyé dans une interminable réverbération, elle est plutôt courte en durée, et permet une grande intelligibilité du texte musical, même lorsque l'écriture est chargée. Il inonde sans réserve l'espace de la première moitié de la nef. A contrario, plus on remonte vers la croisée du transept, son image sonore change et s'éloigne comme un navire prend le large. Les plus sonores sont ainsi mélangés différemment selon le positionnement de l'écoute.

Nous sommes en 2021, quid de la technologie ? Les différentes modernisations récentes apportées par son combinateur, permettent non seulement l'autonomie de l'interprète, mais de pouvoir varier instantanément et à l'infini les palettes de couleurs. Voici une très heureuse conjonction entre le monde des métiers de tradition et celui du voyage vers la Lune.

C'est une chance providentielle et inestimable offerte aux paroissiens et citoyens de Dol-de-Bretagne. Il fallait donc pour cette immense cathédrale, un instrument à la hauteur, à l'inventaire d'un patrimoine prêt à nous faire découvrir, hier, aujourd'hui et demain, les œuvres anciennes ou nouvelles.

Aussi faut-il remercier et encourager tous ceux qui, au fil des décennies, en ont pris inlassablement soin, et nous permettent de partager un tel enchantement dans la cathédrale avec les visiteurs, ou de lever les yeux vers le ciel."

22 Octobre 2021


Vincent Rigot

(Organiste à Saint-Roch, Paris)

Anne-Gaëlle Chanon

(Professeur au Conservatoire de Musique de Saint-Quentin, Picardie)  

 Pieter-Jelle de Boer

(Organiste, directeur musicale de l'Orchestre des Pays de Savoie)

Camille Déruelle

(Organiste titulaire de Saint-Bernard la Chapelle, Paris 18ème).

Yoann Tardivel-Erchoff

(Professeur au Conservatoire de Toulouse)

Ann Labounsky

(Professeur à la Duquesne University, Pittsburgh, USA)

Jean L'Ange

(Organiste titulaire de la Cathédrale de Lisieux)